L’évolution de la gestion des risques associés aux produits dérivés à la Caisse de dépôt et placement du Québec : les leçons de la crise de 2008
Par Lilia Rekik, Professeure, École des sciences de l’administration, TÉLUQ, Université du Québec
La Caisse de dépôt et placement du Québec a, depuis plus d'une décennie, une politique de gestion des risques. Cette politique ne l'a toutefois pas empêchée de réaliser des pertes record de 40 milliards de dollars en 2008, soit 25 % de ses actifs. Même si l’on a largement associé la crise de 2008 à la gestion des opérations sur le marché du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) (Chant, 2009), le fait est que la Caisse a eu de la difficulté à gérer l’ensemble de ses activités sur les marchés dérivés. En effet, si la perte associée aux PCAA est importante avec 3,4 milliards de dollars, celle qui est liée aux produits dérivés l’est davantage avec un résultat défavorable de 15,6 milliards de dollars (Hanin et Rekik, 2012).
Dans le but d’améliorer ses pratiques de gestion des risques associés à l’utilisation des produits dérivés, la Caisse a mis en œuvre un plan triennal adopté par son conseil d’administration en 2008. Elle a suivi les recommandations de plusieurs instances de régulation et réglementaires, notamment celles de l’Autorité des marchés financiers (AMF), qui privilégient une approche de gestion des risques au sens large. Cet article fait état des mesures prises par la Caisse afin de renforcer sa politique de gestion des risques concernant ses activités sur les produits dérivés. L’évolution de ladite politique montre que la gestion des risques liés à l'utilisation de ces produits doit être envisagée non seulement sur le plan des outils de mesure et de contrôle du risque, mais également sur celui du modèle de gouvernance de l’institution.
- L’utilisation des produits dérivés à la Caisse
- L’évolution de l’encadrement des risques réservé aux produits dérivés après la crise